La Prière
Le soleil avait célébré midi sous
un abat-jour de nuages
à la lueur fervente d’un parterre
de flammes qui couronnait de mystère
la voûte de nos songes.
La basilique livrait au silence
son message de paix
ton cœur et le mien
enlacés dans la soyeuse langueur
du ruisseau de nos veines
disaient cette prière
Grand Dieu
la vie est une rose versant une larme
de parfum dans une vallée d’épines
bénis pour le reste de nos jours
les liens qui nous unissent.
Nous n’aspirons nullement à la joie
idéale du paradis
ni à l’ineffable félicité éternelle
nous voulons seulement effeuiller la vie
jusqu’au calice du noir soupir
puisant aux troubles remous de l’amour
le pansement de nos blessures
La nef obscure me sembla outrée
par la désinvolture de nos cœurs
et l’Ange du blasphème
aux ailes noirs de suie
nous attendait sur le perron où brûlait
le feu de l’après-midi.
Sous les doigts d’un musicien solitaire
une sonate
le long des cordes d’un violoncelle
faisait vibrer le génie du Grand Siècle
ancré à nos pieds
dans une mer de souffles anonymes
Paris nous promit de garder
dans la splendeur de ses futures ruines
la lumière de nos fronts éblouis.