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Au Bonheur d'Écrire
17 décembre 2014

Un héros anonyme

 

Un Héros anonyme

 

 

franc3a7ois-hollande

Un jeune homme de taille au-dessus de la moyenne, coiffé d’une casquette et portant des lunettes noires, se glissa au milieu des passagers, visiblement soucieux de passer inaperçu. Il était sur le qui-vive, surveillant le quai d’un bout à l’autre, attentif à tout ce qui bougeait alentour.

La veille au soir, il se trouvait sur une esplanade quand le serveur lui apporta un verre de grenadine et une enveloppe cachetée, de la part d’un monsieur… Le garçon se retourna pour montrer ce dernier, mais le mystérieux messager avait disparu.

Le jeune homme ne fut nullement surpris par cette péripétie. La grenadine signifiait qu’il avait affaire à la cellule révolutionnaire de la ville, où il avait des accointances. Elle lui adressait un message qui devait être urgent, vu la façon dont il lui avait été transmis. 

Il retira la carte de visite insérée dans l’enveloppe. L’on avait griffonné  phrase suivante: « Les chiens sont à tes trousses, ils veulent ta peau. »

Dès lors, il n’était pas question de rentrer chez lui, car la police secrète l’y attendait sans aucun doute. Il cherchait où passer la nuit en sécurité lorsqu’il pensa à Dolores, sa condisciple de faculté qu’il avait tiré d’affaire, une nuit que des voyous l’avaient prise à partie, à la sortie d’une salle de cinéma. Par la suite, ils devinrent de bons camarades dont les rapports, néanmoins, ne dépassaient pas les limites du campus.

Dolores était une fille décomplexée, à l’aise dans ses baskets, ce qui n’était pas facile pour une femme, sous la chape de plomb que le régime faisait peser sur la jeunesse. Elle fut étonnée de voir son condisciple sonner à sa porte, mais sa physionomie calme ne trahit pas la moindre contrariété. Elle lui fit bon accueil, l’invitant à l’intérieur sans hésitation. Elle était seule ce soir-là, sa colocataire s’était absentée pendant quelques jours.

Le visiteur se garda bien de lui révéler la véritable raison de sa présence. Il lui dit qu’il fuyait un type louche, mafioso, avec qui il avait des démêlées à cause d’un pari qu’ils avaient fait sur un match de football. Comme le mafioso avait gagné, il venait de lui enjoindre de payer, sous peine de se voir arracher les couilles. Or, la somme étant trop importante,  il se trouvait donc dans l’impossibilité de régler la question

Dolores fit la moue, incrédule, elle savait son camarade épris de liberté, voyait l’action qu’il menait sous le manteau, contre régime fasciste.  Il devait se sentir menacé, était venu chercher refuge dans un endroit où il croyait que la police ne viendrait pas le chercher.

Au matin, avant de quitter Dolores, il lui recommanda vivement de ne dire à personne qu’il avait passé la nuit chez elle ; il y allait de sa sécurité, de son intégrité physique et psychique.

« Tu vas passer ta vie à fuir à cause d’un pari ? » fit-elle, prenant un air moqueur.

« Je dois changer de nid chaque soir. Comme si j’avais une meute de chiens aux trousses. » répondit-il, sans plus d’explications.

Le nombre de passagers sur le quai avait grossi. À la suite d’une bousculade, provoquée par deux passagers, dont l’un accusait l’autre de vouloir lui voler son portefeuille, un petit vieux tomba sur la voie, au moment où arrivait un train qui, à en juger par  sa vitesse, n’allait pas s’arrêter. L’accident semblait inévitable, le train allait happer le malheureux.

D’un bond agile de félin, le jeune homme à la casquette rejoignit le petit vieux, le coucha entre les rails, et il s’était juste aplati lui-même à ses côtés que la locomotive arrivait à leur hauteur. Un suspense insoutenable pétrifia le quai, pendant la poignée de secondes que le convoi cacha les deux hommes.

Enfin, on les vit étendus sur les traverses, la main du jeune homme tenant la tête du petit vieux assujetti contre le ballast. Ils s’en étaient sortis indemnes. Le héros aida le miraculé à se relever, sous les applaudissements mêlés de bravos de la foule enthousiaste.

Devenu l’objet de toutes les attentions, le jeune homme se sentit tout à coup en danger. Il mit l’indicateur sur sa bouche, puis mima le mouvement d’une fermeture à glissière, avant de disparaître dans le tunnel creusé sous les voies. 

 

 

 

 

 

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  • Cette page sera essentiellement consacrée aux deux romans que je m'apprête à auto-éditer. J'en publierai ici des Extraits. Il n'empêche qu'on y trouvera également des écrits qui vont de la fable aux petites nouvelles en passant par de petits essais.
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